Résumé
La dématérialisation consiste à transformer une information tangible dans un format digitalisé. Cette transformation engendre celle du support. La dématérialisation confère à l’information un caractère intangible. Paradoxalement la dématérialisation réduit l’information à sa pure matérialité inintelligible. Elle est définie comme une information ou une donnée, mais n’est même plus une information ni même une donnée. L’information ne donne rien qui soit donné (datum) ni capturé (capere). Elle ne donne rien sans être dématérialisée, c’est-à-dire rechargée en énergie. La digitalisation utilise un langage mathématique qui permet de relier un code (informatique) définissant une propriété à exprimer caractéristique de son objet par la médiation d’un prédicat (lui-même un code informatique), soit de calculer les prédicats de 1er ordre qui permettent d’axiomatiser des règles de traitement, à savoir des fonctions. L’extension des prédicats est assurée par des calculs se référant à des logiques d’ordre supérieur. La restitution d’une signification est donnée par les fonctions de calcul. La restitution ne fournit que la matérialité de l’information. L’information intégrale donnée par l’artiste, réduite à un système descriptif de notation formelle, n'est pas restituée. C’est impossible, elle est perdue. L’œuvre artistique a été intentionnellement dépourvue de signification. Sur ce plan, le travail de l’inconscient fait mieux. Il conserve intégralement toute l’information. La dématérialisation liquide l’inconscient et consécutivement la connaissance et le savoir de l’expérience humaine. Avec la digitalisation, le destin humain n’a d’autre objet que d’être évacué.
L’œuvre artistique n’est plus rien d’elle-même puisque la dématérialisation restitue une information sans conscience ni inconscient humain. L’artiste est évacué ainsi que son œuvre. Elle et il ne sont réduits qu’à des variables relationnelles unaires dont la propriété est de restituer une forme partielle d’un tout présumé caractéristique de son objet. La dématérialisation fournit un sortilège. La connaissance de l’œuvre est réduite à ses affordances.
Abstract
Dematerialization consists in transforming tangible information into a digital format. This transformation generates that of the support. The dematerialization confers to the information an intangible character. Paradoxically, dematerialization reduces information to its pure unintelligible materiality. It is defined as an information or a data, but it is not even an information nor a data anymore. Information gives nothing that is given (datum) nor captured (capere). It gives nothing without being dematerialized, that is to say recharged in energy. Digitization uses a mathematical language that allows to link a (computer) code defining a property to express a characteristic of its object by the mediation of a predicate (itself a computer code), i.e. to calculate the first-order predicates that allow to axiomatize a processing rule, i.e. a function. The extension of the predicates is ensured by calculations referring to higher order logics. The restitution of a meaning is given by the computational functions. The restitution provides only the materiality of the information. The integral information given by the artist, reduced to a descriptive system of formal notation, is not restored. It is impossible, it is lost. The artistic work has been intentionally deprived of meaning. On this level, the work of the unconscious does better. It preserves integrally all the information. Dematerialization liquidates the unconscious and consequently the knowledge of the human experience. With digitalization, the human destiny has no other object than to be evacuated.
The artistic work is no longer anything of itself since the dematerialization restores an information without conscience nor human unconscious. The artist is evacuated as well as his work. She and he are reduced only to unary relational variables whose property is to restore a partial form of a whole presumed characteristic of its object. The dematerialization provides a spell. The knowledge of the work is reduced to its affordances.